Commune de Lutter
Commune     de     Lutter

 

 

 

L'église

 

 

 

Durant l'année 1776, la vieille église étant devenue trop petite pour un village dont la population avait doublé ces 50 dernières années, la communauté villageoise de Lutter décide de construire un nouveau sanctuaire.

A la charge du village, la nef.

A la charge du Chapitre catédral de Bâle, le choeur, la sacristie et le clocher.

Cette dépense dépasse largement les moyens des villageois. Il est donc décidé de la conversion des paturages communaux en prés de fauche ce que l’on appellerait de nos jours une privatisation.

L’architecte Jean-Baptiste Chassain Inspecteur Principal des Ponts et Chaussées à Colmar dessine la grande nef. A celle-ci s’adjoint un nouveau choeur, à la charge du Chapitre cathédral. Le vieux clocher sera conservé à l’arrière du choeur, et abritera la sacristie. Les travaux de construction de la nouvelle nef sont adjugés le 26 avril 1779 et démarrent aussitôt.

Au mois d'août 1779 le Chapitre cathédral n’a toujours pas confirmé son accord pour la partie des travaux qui lui incombe. Mais le décimateur réagit enfin et son architecte François-Antoine Zeller redessine et précise le projet de Chassain en mars, et supervise les travaux.

 

Le 21 mai 1780, le vieux clocher s'effondre alors que les paroissiens sont en procession vers Mariabrunn.

 

L'architecte Zeller conçoit un nouveau projet pour le chapitre cathédral daté du 17 juin 1780. C’est celui du choeur, du clocher et de la sacristie que nous avons sous les yeux aujourd'hui, la nef étant le projet de JB Chassain.

 

L'église est dédiée à Saint Léger

 

 

 

Informations du plan de 1776 reportées sur le cadastre de 1887

 

1  Maison curiale     2  Ancienne église     3  Eglise 1780

4  Ossuaire             5  Corps de garde      6  Ecole-maison commune 

 

Texte et plan extrait du livre de Marc Grodwohl "Les villageois de Lutter en leurs demeures - La chute du vieux clocher "

 

Le maître-autel est l'oeuvre de Théophile Klem en 1892 ainsi que le chemin de croix.

De chaques côtés du choeur se trouvent deux autels de style néo-renaissance dédiés à la Vierge Marie à gauche et à St-Joseph à droite. Ils sont l'oeuvre des Frères Boehm de Mulhouse en 1898.

 

 

Les vitraux sont d'Albert Gerrer (1924)

 

 

 

L'orgue Callinet

(au pays des orgues)

 

 

Construit quasiment au même moment que les orgues Callinet voisins de Bettlach et d'Oltingue, l'orgue de Lutter fut l'un des premiers ouvrages de Joseph Callinet après sa séparation d'avec son frère cadet Claude-Ignace.

Le devis manuscrit, daté du 29 octobre 1843 et s'élevant à 6001 F, est en effet signé "Callinet aîné" et non plus "Callinet frères".

La composition qui y figure est assez originale, avec un positif dépourvu de première octave et de bourdon 8, ce dont il n'existe pas d'autre exemple chez ce facteur.

Commandé par traité du 12 décembre 1843, l'instrument fut monté en septembre 1844 par Joseph Callinet lui-même.

 

Celui-ci reçut le 24 septembre la visite d'Aristide Cavaillé-Coll, qui, après un trajet en train de Strasbourg à St Louis, arrêta une voiture en destination de Lutter et relata ainsi son périple et cette rencontre :

"10 francs, le prix est un peu cher mais je change vite d'avis, une fois engagé dans le chemin boueux où les roues enfoncent jusqu'au moyeu. C'est le lit de la rivière qui sert de route ; il est à peine plus large que la voiture ; si l'on est cahoté, impossible du moins de verser. Qu'arriverait-il si l'essieu cassait ? Bah ! la voiture se ferait bateau.

Arrivés à l'extrémité de notre canal, nous avons enfin trouvé la citée de Lutter, une grande ville composée d'une petite église, d'une douzaine de maisons et d'une centaine d'habitants. Je vous défie de la trouver sur la carte la plus détaillée(.......................)Nous fûmes donc trouver Herr Callinet qui fut aussi surpris de me voir que je l'étais de savoir que, dans un bourg semblable, on s'avisait de faire un orgue. Après les salutations d'usage,(......) il finissait son déjeuner, (................) Herr Callinet demanda une bouteille de Tockay que nous avons vidée avec le Herr Maire qui était présent ; puis enfin le café et le petit verre. Je commençai alors à comprendre qu'on pouvait vivre dans un pareil village.(................) Je lui exprimai mon étonnement de voir un si petit village faire l'acquisition d'un orgue aussi complet.(.................) Il me dit alors que, si j'avais eu le temps de passer une journée avec lui, il pourrait me montrer dans ces vallées une trentaine d'orgues plus complets que celui-là, pour des villages qui n'avaient guère plus d'importance. Il parait que c'est le pays des orgues. C'est l'inverse de la France ; il y a plus d'orgues que de pianos. Cela est dû en partie à ce que tous les instituteurs, grands et petits, sont organistes et qu'ainsi ils ne manquent pas d'organistes pour les toucher."

(Extraits de : "Les Callinets - Facteurs d'orgues à Rouffach - et leur oeuvre en Alsace" Publications de la société savante d'Alsace et des régions de l'est)

 

 

Pendant la troisième et dernière période d'activité de Joseph Callinet, de 1844 à 1853, durant laquelle il travailla seul, il livra au moins 27 orgues neufs. Un seul est arrivé quasiment intact jusqu'à nous, celui du temple de Badevel, dans le Doubs. Deux autres sont bien conservés, celui de Solliès-Pont, classé et restauré, et celui de Lutter, classé au titre des Monuments historiques par arrêté du 30 novembre 2004.

 

 

 

 

En 1917, 57 tuyaux d'orgues ainsi que les quatre cloches de Lutter sont réquisitionnés par les allemands pour les faire fondre et faire des canons.

Ils furent remplacé après la guerre.

 

 

Le 7 avril 2006, l'association pour la rénovation de l'orgue Callinet voit le jour afin de collecter des fonds et de soutenir sa restauration.

 

 

 

 

 

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